Jour 4 – Les co-courgevolutions, interactions et cie !

Courge du jour bonjour !

Quatrième jour, vous devriez commencer à être rodés sur la courge! Ce soir, parlons d’une courge buissonnante et jaune vif : la Courgette banane ! Mais attention c’est une courge d’été et pas de saison, on évite de la manger maintenant !

Lien vers le dossier sur Gamm’ Vert: https://www.gammvert.fr/conseils/conseils-de-jardinage/comment-cultiver-la-courgette-jaune#:~:text=Outre%20sa%20peau%20jaune%20vif,sensibles%20%C3%A0%20manger%20sa%20peau.

Les réticents de la courgette, venez nombreux, la courgette jaune c’est un autre délire!! Comment me croire? Essayez par  vous-même! Quelques idées recette pour cet été, hmmm j’ai hâte!

https://www.marmiton.org/recettes/recherche.aspx?aqt=courgette-jaune

 

Les co-courgevolutions, interactions et cie ! 

 

Comme pour la majorité des plantes, les interactions avec les autres organismes sont multiples et se réalisent à toutes les échelles. Allant des nombreux parasites (champignons, bactéries, virus, nématodes) dont la diversité dépasse largement celle des hôtes, aux organismes mutualistes comme les mycorhizes, les interactions bénéfiques comme néfastes pour un organisme demeurent capitales pour l’équilibre des écosystèmes. Aujourd’hui nous allons principalement nous intéresser aux interactions liées à la pollinisation et à la dispersion des graines !

Les synergies entre les plantes à fleurs et les insectes existent depuis l’apparition des Angiospermes au crétacé. Depuis, il y a eu de nombreuses co-évolutions avec d’autres taxons permettant d’assurer leur reproduction.

Les principaux pollinisateurs des cucurbitacées sont des abeilles et en grande partie des abeilles solitaires dont les visites peuvent être très spécifiques (oligolectiques) à certaines espèces de cucurbitacées. En parallèle, de nombreuses espèces de cucurbitacées ont développées des structures à la base des pétales pour attirer les abeilles. 86 espèces réparties en quelques genres (Mordica, Thladiantha,…) possèdent des poils (trichomes) permettant la sécrétion d’huile florale. Ces huiles permettent d’attirer des abeilles du genre Ctenoplectra qui les récoltent pour assembler des réserves de nourriture pour leur larves, mais aussi pour renforcer les cellules de leur loges (Vogel 1990; Renner & Schaefer 2010).

Mais il existe des interactions bien plus spécifiques qui peuvent avoir lieu dans nos campagnes. En effet, la Bryone dioïque dont nous vous parlé précédemment a une visiteuse régulière qui prélève exclusivement son nectar et son pollen, c’est l’Andrène de la bryone (Andrena florea) ! (Et oui ! Il n’y a pas que de belles choses aux Tropiques !)

Des sphinx ont été aussi été manipulés par certaines cucurbitacées pour permettre leur reproduction. Trois adaptations de manière indépendante ont permis à cinq genres de ces dernières la mise en place d’un long réceptacle floral et d’une frange colorée sur leur corolle (Bellot et al. 2020), permettant d’attirer spécifiquement ce genre de papillon (Vogel 1954) dont le vol stationnaire est une spécificité. En parlant de vol stationnaire, 2 genres de cucurbitacées sont pollinisés par des colibris ! Des chauves souris, mouches, et autres encore, pollinisent de manière plus ou moins spécifique ces fleurs.

La dispersion des graines se fait majoritairement par endozoochorie (par des animaux qui vont manger les fruits), il existe tout de même certains genres dont la dispersion se fait par le vent (anémochorie) ou par l’eau (hydrochorie) (Ridley 1930), le dernier cas permettrait d’expliquer certaines dispersions entre l’Afrique du Sud et Madagascar, Inde,… Certains fruits sont typiquement adaptés pour les oiseaux notamment les genres Bryonia et Cucumis, les fruit de ce dernier sont avalés entièrement par des autruches, émeus ou outardes.

Il serait apparemment possible que des albatros, puffins et pétrels-tempête qui vivent dans des lieux où poussent des Sicyos permettent leur dispersion, ceux-ci possèdant des structures collantes et/ou crochets. Les fruits sont aussi dispersés par des mammifères comme des Singes ou des chauve-souris.

Finalement, cas concret d’une évolution très intéressante ! Je vais maintenant vous parler d’une adaptation assez particulière d’un petit scarabé. La cucurbitacine composé chimique toxique, dont nous vous avons déjà parlé plusieurs fois, permet aux cucurbitacées sauvages de se protéger des herbivores, notamment d’insectes (CHAMBLISS & JONES, 1966). Les scarabés du concombre appartiennent à la tribu Luperini (Chrysomelidae), ils ont développés un impressionnant mécanisme de détoxification leur permettant de se nourrir et de se reproduire sur la plante hôte. Les oeufs pondus par ces insectes contiennent ainsi de la cucurbitacine les rendant toxiques à leurs prédateurs (METCALF & RHODES, 1990). En réponse à cette adaptation, les concombres en question a été sélectionné pour réduire leur concentration en cucurbitacine (ROBINSON et al., 1976).

 

Wow ! Déjà quatre jours ! Nous espérons que ces posts vous plaisent! N’hésitez pas à aimer ces posts pour que nous voyons combien de personnes les lisent !

Nous vous invitons à nous retrouver demain avec Roland GODON, qui nous prépare une belle surprise !

Le pôle agro’biodiversité du GNAUM vous souhaite une belle fin de soirée, à demain !

 

Bibliographie

    • Vogel, S. 1990. Ölblumen und Ólsammelnde Biennen dritte Folge: Momordica, Thladiantha in die Ctenoplectridae. Trop. Subtrop. Pflanzenwelt 73: 1–181.
    • Renner, S.S., Schaefer, H. 2010. The evolution and loss of oil-offering flowers – new insights from dated phylogenies for angiosperms and bees. Philosophical Transactions of the Royal Society B 365: 423–435
    • Bellot, S., Mitchell, T.C., Schaefer, H. 2020. Phylogenetic informativeness analyses to clarify past diversification processes in Cucurbitaceae. Scientific Reports 10: 488.
    • Vogel, S. 1954. Blütenbiologische Typen als Elemente der Sippengliederung, dargestellt anhand der Flora Südafrikas. Bot. Stud. 1. Jena: Fischer.
    • Ridley, H.N. 1930. The Dispersal of Plants throughout the World. L. Reeve & Co., Ltd, Ashford.
    • CHAMBLISS, O.L., JONES, C.M. Chemical and genetic basis for insect resistance in cucurbits. Amer Soc Hort Sci, v.89, p.394-405, 1966.
    • METCALF, R.L., RHODES, A.M. Co-evolution of the Cucurbitaceae and Luperini (Coleoptera: Chrysomelideae): basic and apply aspect. In: BATES, D.M., ROBINSON, R.W., JEFFREY, C. Biology and utilization of the Cucurbitaceae. Ithaca and London : Cornell University, 1990. p.167-182. 485p.
    • ROBINSON, R.W., MUNGER, H.M., WHITAKER, T.W., et al. Genes of Cucurbitaceae. HortScience, v.11, n.6, p.554-568, 1976.

La plupart des informations sont tirées d’une étude et d’un site très intéressantes :

    • BISOGNIN, Dilson Antônio. Origin and evolution of cultivated cucurbits. Cienc. Rural [online]. 2002, vol.32, n.4 [cited  2020-10-27], pp.715-723.
    • https://cucurbit.de/home/family-description/

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